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8 mai 2015

Nous ne pouvons laisser les soldats porter seuls la honte d'Israël

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Nous ne pouvons pas permettre aux soldats, qui ont réalisé qu'ils ont été envoyés à Gaza pour tirer au hasard sur des quartiers civils, de porter seuls sur leurs épaules la honte du comportement de l'armée israélienne. Nous devons maintenant nous demander si nous sommes prêts à nous tenir à leurs côtés, tandis que la valeur de la vie humaine de l'autre partie est de plus en plus effacée de la doctrine de combat de l'armée israélienne. Faisons-nous le choix d'être responsables d'autres 2.000 ou 3.000 morts lors de la prochaine opération à Gaza?

Nous ne pouvons laisser les soldats porter seuls la honte d'Israël

"[Le commandant] donne un ordre: “Les gars, tous les chars dans une rangée, en positions de tir, tous ensemble face au quartier d'al-Bureij”. [...] Je demande personnellement à mon chef: «Où allons-nous tirer? Il m'a dit: “Choisissez où bon vous semble. [...] Le commandant appelle à la radio. “Bon matin al-Bureij''. Nous poursuivons par un «Bon matin al-Bureij les gars», c’est ca qui a été dit. Fondamentalement, pour réveiller le quartier, pour montrer à ces gars que “Tsahal est ici” et les dissuader. [...] Et puis le commandant dit à la radio: « 3, 2, 1, feu». Et tout le monde a tiré des obus partout où ils voulaient, juste parce qu’on pouvait. Personne n'avait ouvert le feu sur nous - ni avant, ni après, ni pendant ".

Voilà comment un soldat israélien d’un corps de blindés a décrit un épisode de l'opération Bordure protectrice de l'été dernier à Gaza. Au matin, la compagnie de blindés a pilonné de manière coordonnée le camp de réfugiés d'al-Bureij, même si le village ne posait aucune menace pour Tsahal.

Depuis l'opération, je parcours le pays avec mes collègues de “Briser le silence” pour parler avec des soldats et des commandants qui ont été impliqués. Au total, nous avons entendu environ 70 témoignages de combattants et d’officiers qui ont servi dans diverses forces terrestres, dans la marine et dans l'armée de l'air. Beaucoup de situations décrites étaient similaires à celle décrite par le soldat du corps de blindés, des situations dans lesquelles ils ont tiré sans objectif clair ou défini. Afin de comprendre ces histoires individuelles, vous devez être familier avec la doctrine militaire qui a permis à ces situations extrêmes de devenir normales pour les soldats. Les tirs aveugles sont devenus une routine pour les forces terrestres.

Les témoignages des soldats qui ont pris part à l'opération Bordure protectrice racontent l'histoire d'une armée se préparant à aller en guerre. Mais les quartiers densément peuplés comme ceux de la bande de Gaza ne sont pas adaptés au combat classique impliquant deux armées se battant l’une contre l’autre avec des chars, des canons d'artillerie et des avions de chasse.

La solution à laquelle ils sont arrivés est simple: nous mettons au préalable en garde les Palestiniens innocents dans les zones où nous prévoyons d'entrer et partons ensuite du principe que tout le monde qui reste dans la zone est un terroriste. De simples tracts lancés des airs étaient nécessaires pour créer des «champs de bataille», où tous les résidents restants étaient considérés comme des cibles légitimes. Une vieille femme qu’on a laissé derrière, un homme seul qui n'a eu nulle part où aller ou encore une famille qui n'a pas osé quitter sa maison sont tous devenus instantanément des cibles.

Les règles d'engagement sont nécessaires pour maintenir la sécurité des soldats tout en permettant un usage approprié de la force. En tant que soldat de combat vétéran de Tsahal, je connais bien ces règles. Elles définissent une personne comme cible légitime seulement si elle a les moyens, les intentions et la capacité d'infliger des dommages. Les instructions données sur le terrain lors de l'opération Bordure protectrice ont rendu le principe fondamental derrière ces règles d'engagement obsolètes.

Par exemple, voici comment un soldat d'infanterie décrit les règles d'engagement pendant l'opération: "Tout le monde à l'intérieur est une menace. La zone doit être vidée de toute personne. Si nous ne voyons pas la personne agiter un drapeau blanc et crier “je me rends”, alors elle est une menace et nous avons l'autorisation d'ouvrir le feu". Un soldat de la Brigade Nahal a simplement déclaré: "Il n'y a pas de règlement pour ouvrir le feu. Si vous voyez quelqu'un dans cette région, c’est un terroriste".

Le soldat dans le corps blindés qui a participé aux tirs sur al-Bureij nous a confié le sentiment qui l’a habité après. "Ca m'a vraiment dérangé. C’est quelque chose que j’ai vraiment honte d’avoir fait." Mais lui et des milliers de soldats n’ont pas agi en tant qu'individus. Ils représentaient l'Etat d'Israël et ont fait ce qu'ils ont fait en notre nom, au nom de la société israélienne.

Les porte-parole officiels ont affirmé lors de l'opération que l'armée israélienne a fait tout en son pouvoir pour éviter les victimes civiles. Cependant, les témoignages des soldats recueillis par Briser le silence révèlent que ces mots n’étaient rien d’autre que des mensonges destinés à masquer et blanchir une réalité laide et violente. Une réalité dans laquelle porter atteinte aux civils est le résultat calculé d'une politique délibérée qui minimise les restrictions sur l'utilisation de la force par nos soldats.

Nous ne pouvons pas permettre aux soldats, qui ont réalisé qu'ils ont été envoyés à Gaza pour tirer au hasard sur des quartiers civils, de porter seuls sur leurs épaules la honte du comportement de l'armée israélienne. Nous devons maintenant nous demander si nous sommes prêts à nous tenir à leurs côtés, tandis que la valeur de la vie humaine de l'autre partie est de plus en plus effacée de la doctrine de combat de l'armée israélienne. Faisons-nous le choix d'être responsables d'autres 2.000 ou 3.000 morts lors de la prochaine opération à Gaza? Ni moi, ni des dizaines d'autres soldats qui avons participer à l'opération Bordure protectrice sommes prêts à fermer les yeux sur cette réalité. Nous avons choisi de rompre le silence en disant un «non» retentissant.

Nadav Bigelman a été soldat de combat d'infanterie dans la Brigade Nahal et est chercheur pour l'organisation "Briser le silence" (Breaking the Silence)

http://www.i24news.tv/fr/opinions/70292-150507-nous-avons-choisi-de-rompre-le-silence

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