Gaza Un cessez-le-feu sans condition aussi dangereux que celui de 1949

 

En vert foncé, les territoires palestiniens perdus lors de l'Armistice de 1949, carte du Monde diplomatique.

cet article fait suite à une conversation de jeudi matin avec notre ami Suleiman Abu Odeh de Gaza.

Le cessez-le-feu sans condition proposé par les Etats-Unis à Israël et à la Palestine est aussi dangereux que celui de 1949 qui a permis un élargissement du territoire israélien  par rapport au plan de partage voté par l'ONU en 1947.

Maintenant que les forces d'occupation israéliennes sont entrées dans Gaza, un cessez-le-feu n'a plus la même signification qu'au début des bombardements. Il faut rappeler l'histoire pour éviter une répétition de l'armistice de 1949 qui fut une perte très grave pour la Palestine. Un cessez-le-feu ne peut être accepté qu'assorti de l'acceptation de revendications, dont le retrait des troupes israéliennes de Gaza.

Jeudi soir, lors d'une conférence de presse, John Kerry informait avoir obtenu une trêve humanitaire de 72 heures, avec la situation suivante :

- les troupes israéliennes n'auraient le droit d'attaquer qu'à l'arrière de leurs positions actuelles pour se défendre, ce qui suppose en effet que les troupes d'occupation restent à Gaza,

- coté palestinien, pas de symétrie, ils n'ont pas le droit de se défendre contre une agression, mais seulement celui de s'approvisionner en nourriture.

En fait, la trêve a été rompue quelques heures plus tard vendredi matin.

Retour sur le cessez-le-feu de 1949 

Le 29 novembre 1947, le plan de partage de la Palestine élaboré par l’UNSCOP est approuvé par l’Assemblée générale de l’ONU, par le vote de la résolution 181. La Palestine est divisée en trois entités, un Etat pour les immigrants juifs, un Etat pour les Palestiniens et Jerusalem sous une autorité internationale, ce qui mettrait fin au mandat britannique. 

Du coté des colons, l'agence juive accepte ce plan de partage tandis que l'Irgun partisan de la colonisation totale de la Palestine refuse. Le Haut comité arabe palestinien et la Ligue arabe refusent comme l'auraient fait tout pays que l'ONU aurait voulu amputer d'un territoire pour le donner à d'autres. Il s'agit d'une violation d'un droit du peuple palestinien.

Dès le lendemain du vote par l'Assemblée générale de l'ONU, la guerre éclate entre Juifs et Palestiniens.

Le 14 mai 1948 Ben Gourion proclame unilatéralement la création de l'Etat d'Israël (sur les frontières dessinées par la résolution 181 de l'ONU). Pour les Palestiniens c'est la Naqba, la catastrophe, 90% d'entre eux fuient les combats et sont toujours des réfugiés, dans des camps gérés par l'UNRWA, agence de l'ONU, en Palestine ou dans les pays voisins (Liban,Syrie, Jordanie).

La guerre de 1948 éclate et se termine par un cessez-le-feu en 1949. L'armée israélienne ne bougera jamais de ses lignes et une nouvelle carte se dessine qui ampute la Palestine de nouvelles terres. Cette ligne d'armistice de 1949, appelée aussi ligne verte, définit de nouvelles annexions que la l'ONU va entériner lors de résolutions ultérieures notamment après la guerre des Six Jours de 1967.

Il est en tout cas inacceptable qu'un cessez-le-feu à Gaza définisse une nouvelle ligne d'occupation, voire d'annexion, pour l'armée d'occupation israélienne.